Tout pour que Madagascar ne puisse pas se relever ? (Suite)
Zinfos974
Ainsi que nous le prédisions dans notre Lettre n°29, les résolutions de la soit disant "conférence nationale" qui vient de s’achever sont, comme par un heureux hasard, totalement alignées sur les positions bien connues du chef putschiste.
Il ne pouvait en être autrement au vu de la composition des participants dont le nombre, facilement gonflé par la promesse d’une indemnité journalière avoisinant le salaire minimum mensuel d’un travailleur malgache, ne pouvait remplacer une véritable représentativité des forces vives de la nation (en l’absence du Comité National des Organisations Civiles (CNOSC) ainsi que des trois mouvances politiques opposées à Andry Rajoelina, qui avaient par ailleurs signé avec lui les accords de Maputo et d’Addis Abbeba qu’il a refusé par la suite de mettre en œuvre).
Conférence non reconnue par la communauté internationale
Joachim Chissano, le médiateur officiel accrédité par la communauté internationale, ne s’y est pas trompé, comme le montre sa lettre adressée à Andry Rajoelina, dans laquelle il exprime sa non reconnaissance de cette conférence non inclusive, les conditions convenues pour la poursuite de la médiation et pour la tenue d’une véritable conférence nationale inclusive n’ayant pas été remplies.
C’est donc sans surprise que le projet de constitution présenté par cette conférence abaisse l’âge minimum requis pour être candidat à la présidence de la République à 35 ans. Pourquoi sinon afin de permettre au plus jeune putschiste du monde de se présenter en 2011, en dépit de sa déclaration en mai dernier dans laquelle il s’engageait à ne pas le faire.
Nous avions dit alors nos doutes sur le respect effectif d’un engagement oral de la part d’une personne ayant renié sa signature à plusieurs reprises. Doutes par ailleurs renforcés par la campagne électorale anticipée engagée par le couple Rajoelina avec, à l’appui, une gestion très "personnelle" dans tous les sens du terme des investissements de l’argent public : piscines olympiques, lieux de spectacles au lieu et place de programmes d’aide à une population sinistrée par cette crise.
Le projet de constitution présenté par un comité constitutionnel et une conférence « aux ordres » nous
donne hélas déjà raison sur ce point.
Le schéma mauritainen se répète à Madagascar
Cette déclaration du mois de mai 2010, dans laquelle Andry Rajoelina s’engageait à ne pas se porter candidat aux futures élections présidentielles, fut saluée vivement par ses mentors de Paris comme un acte dicté par un sens élevé de l’Etat, quand elle ne visait en réalité qu’à poursuivre la stratégie élaborée par ces mêmes mentors depuis les accords signés à Maputo I en août 2009 : gagner le plus de temps possible en usant de tous les stratagèmes, quitte à renier ce qui a été signé et bien sûr simplement promis. Cette stratégie fut utilisée avec succès, notamment en Mauritanie, rappelez-vous.
Le putschiste mauritanien, qui s’était engagé à ne pas se présenter, démissionna de la présidence de la transition en 2009, trois mois avant le dépôt des candidatures, pour être candidat à des élections qu’il ne pouvait pas perdre, ayant eu tout le temps et les moyens de mettre toutes les chances de son côté.
Bis repetita donc à Madagascar pour un autre poulain de la France. Là aussi, comme nous l’avions déjà dénoncé dans notre Lettre n°23, la manipulation du processus électoral, entamée dès après le coup d’Etat avec le changement des chefs de Fokontany, circonscription de base où s’établissent les listes électorales et où se tiendront les bureaux de vote, avec le changement des chefs de district et des chefs de régions, va se poursuivre avec cette incroyable résolution de la conférence nationale version Haute Autorité de la Transition : les 1500 maires élus actuels, dont le mandat n’est pas achevé, doivent tous être révoqués. Les démocrates du monde entier apprécieront !
Avec une célérité et une synchronisation parfaite, le gouvernement putschiste vient de prendre un décret ordonnant la tenue d’élections communales anticipées pour le mois de décembre 2010. Et la commission électorale indépendante récemment mise en place, qui n’a d’indépendante que le nom, vient courageusement de déclarer, par la voix de son président – un avocat qui a décidément tout oublié du droit – qu’elle sera en mesure d’assurer le bon déroulement de ces élections communales surprises. Excusez du peu, quand elle devra déjà organiser au pas de charge un vote référendaire en novembre.
(Voir notre Lettre n°29). Simple détail sans importance : ces deux évènements se dérouleront pendant la saison des pluies.
Or, Andry Rajoelina avait critiqué la tenue d’élections pendant cette saison et avait promis que toutes les élections se dérouleraient à l’avenir pendant l’hiver austral, c’est-à-dire entre mai et octobre. Mais qu’est-ce qu’une promesse non tenue de plus ou de moins ?
Le dernier vestige de la démocratie magache
Après la suspension des députés et des sénateurs, ces maires étaient sans doute comme un vestige de la démocratie malgache, forcément insupportable aux yeux des putschistes. Les élections communales qui les avaient portés à la tête de leurs communes respectives avaient pourtant illustré d’heureuse manière l’indépendance du tribunal administratif malgache qui avait annulé les élections douteuses, qu’elles fussent au bénéfice du parti au pouvoir ou non. Mais c’est peut-être précisément cette réelle légitimité qui condamne ces élus communaux, dans le cadre d’une stratégie où il ne saurait être question de laisser en poste des leaders d’opinion qui ne pourraient pas être contrôlés totalement. Imaginez un peu qu’ils n’appellent pas à voter dans le sens voulu au moment des présidentielles !
Et vive la liberté de la presse !
Bien des journalistes ayant sympathisé avec les auteurs du coup d’Etat doivent certainement s’interroger aujourd’hui sur leur choix. Le code de la communication que toute la profession réclamait à juste titre, mais que les gouvernements qui s’étaient succédés sous Ravalomanana avaient gardé sous le coude, avait bien été mis au menu de cette conférence.
Mais à la surprise et à la colère des journalistes, le projet de code de la communication a été discuté et adopté par cette singulière "conférence nationale" en l’absence de leurs représentants. Et pour cause : il est prévu des sanctions pénales pour ceux qui s’aviseraient d’être trop critiques. Il est vrai que sur ce point, les putschistes ont déjà anticipé en emprisonnant des journalistes. Les membres de la commission chargée de la communication ont mérité leurs indemnités : ils ont bien complété le verrouillage du système. Ceux qui ne veulent pas d’une presse libre peuvent dormir en paix.
En résumé, beaucoup d’argent a été dépensé pour une énorme mascarade qui enfonce Madagascar un peu plus dans la crise politique, économique et sociale.
Jusqu’où ira Paris dans l’appui à Andry Rajoelina ?
Jusqu’à quand les Malgaches supporteront-ils cette politique française?
Les Inconditionnels de Madagascar,
À l’Ile de la Réunion
http://www.zinfos974.com/Tout-pour-que-Madagascar-ne-puisse-pas-se-relever-Suite_a21409.html?com
Il ne pouvait en être autrement au vu de la composition des participants dont le nombre, facilement gonflé par la promesse d’une indemnité journalière avoisinant le salaire minimum mensuel d’un travailleur malgache, ne pouvait remplacer une véritable représentativité des forces vives de la nation (en l’absence du Comité National des Organisations Civiles (CNOSC) ainsi que des trois mouvances politiques opposées à Andry Rajoelina, qui avaient par ailleurs signé avec lui les accords de Maputo et d’Addis Abbeba qu’il a refusé par la suite de mettre en œuvre).
Conférence non reconnue par la communauté internationale
Joachim Chissano, le médiateur officiel accrédité par la communauté internationale, ne s’y est pas trompé, comme le montre sa lettre adressée à Andry Rajoelina, dans laquelle il exprime sa non reconnaissance de cette conférence non inclusive, les conditions convenues pour la poursuite de la médiation et pour la tenue d’une véritable conférence nationale inclusive n’ayant pas été remplies.
C’est donc sans surprise que le projet de constitution présenté par cette conférence abaisse l’âge minimum requis pour être candidat à la présidence de la République à 35 ans. Pourquoi sinon afin de permettre au plus jeune putschiste du monde de se présenter en 2011, en dépit de sa déclaration en mai dernier dans laquelle il s’engageait à ne pas le faire.
Nous avions dit alors nos doutes sur le respect effectif d’un engagement oral de la part d’une personne ayant renié sa signature à plusieurs reprises. Doutes par ailleurs renforcés par la campagne électorale anticipée engagée par le couple Rajoelina avec, à l’appui, une gestion très "personnelle" dans tous les sens du terme des investissements de l’argent public : piscines olympiques, lieux de spectacles au lieu et place de programmes d’aide à une population sinistrée par cette crise.
Le projet de constitution présenté par un comité constitutionnel et une conférence « aux ordres » nous
donne hélas déjà raison sur ce point.
Le schéma mauritainen se répète à Madagascar
Cette déclaration du mois de mai 2010, dans laquelle Andry Rajoelina s’engageait à ne pas se porter candidat aux futures élections présidentielles, fut saluée vivement par ses mentors de Paris comme un acte dicté par un sens élevé de l’Etat, quand elle ne visait en réalité qu’à poursuivre la stratégie élaborée par ces mêmes mentors depuis les accords signés à Maputo I en août 2009 : gagner le plus de temps possible en usant de tous les stratagèmes, quitte à renier ce qui a été signé et bien sûr simplement promis. Cette stratégie fut utilisée avec succès, notamment en Mauritanie, rappelez-vous.
Le putschiste mauritanien, qui s’était engagé à ne pas se présenter, démissionna de la présidence de la transition en 2009, trois mois avant le dépôt des candidatures, pour être candidat à des élections qu’il ne pouvait pas perdre, ayant eu tout le temps et les moyens de mettre toutes les chances de son côté.
Bis repetita donc à Madagascar pour un autre poulain de la France. Là aussi, comme nous l’avions déjà dénoncé dans notre Lettre n°23, la manipulation du processus électoral, entamée dès après le coup d’Etat avec le changement des chefs de Fokontany, circonscription de base où s’établissent les listes électorales et où se tiendront les bureaux de vote, avec le changement des chefs de district et des chefs de régions, va se poursuivre avec cette incroyable résolution de la conférence nationale version Haute Autorité de la Transition : les 1500 maires élus actuels, dont le mandat n’est pas achevé, doivent tous être révoqués. Les démocrates du monde entier apprécieront !
Avec une célérité et une synchronisation parfaite, le gouvernement putschiste vient de prendre un décret ordonnant la tenue d’élections communales anticipées pour le mois de décembre 2010. Et la commission électorale indépendante récemment mise en place, qui n’a d’indépendante que le nom, vient courageusement de déclarer, par la voix de son président – un avocat qui a décidément tout oublié du droit – qu’elle sera en mesure d’assurer le bon déroulement de ces élections communales surprises. Excusez du peu, quand elle devra déjà organiser au pas de charge un vote référendaire en novembre.
(Voir notre Lettre n°29). Simple détail sans importance : ces deux évènements se dérouleront pendant la saison des pluies.
Or, Andry Rajoelina avait critiqué la tenue d’élections pendant cette saison et avait promis que toutes les élections se dérouleraient à l’avenir pendant l’hiver austral, c’est-à-dire entre mai et octobre. Mais qu’est-ce qu’une promesse non tenue de plus ou de moins ?
Le dernier vestige de la démocratie magache
Après la suspension des députés et des sénateurs, ces maires étaient sans doute comme un vestige de la démocratie malgache, forcément insupportable aux yeux des putschistes. Les élections communales qui les avaient portés à la tête de leurs communes respectives avaient pourtant illustré d’heureuse manière l’indépendance du tribunal administratif malgache qui avait annulé les élections douteuses, qu’elles fussent au bénéfice du parti au pouvoir ou non. Mais c’est peut-être précisément cette réelle légitimité qui condamne ces élus communaux, dans le cadre d’une stratégie où il ne saurait être question de laisser en poste des leaders d’opinion qui ne pourraient pas être contrôlés totalement. Imaginez un peu qu’ils n’appellent pas à voter dans le sens voulu au moment des présidentielles !
Et vive la liberté de la presse !
Bien des journalistes ayant sympathisé avec les auteurs du coup d’Etat doivent certainement s’interroger aujourd’hui sur leur choix. Le code de la communication que toute la profession réclamait à juste titre, mais que les gouvernements qui s’étaient succédés sous Ravalomanana avaient gardé sous le coude, avait bien été mis au menu de cette conférence.
Mais à la surprise et à la colère des journalistes, le projet de code de la communication a été discuté et adopté par cette singulière "conférence nationale" en l’absence de leurs représentants. Et pour cause : il est prévu des sanctions pénales pour ceux qui s’aviseraient d’être trop critiques. Il est vrai que sur ce point, les putschistes ont déjà anticipé en emprisonnant des journalistes. Les membres de la commission chargée de la communication ont mérité leurs indemnités : ils ont bien complété le verrouillage du système. Ceux qui ne veulent pas d’une presse libre peuvent dormir en paix.
En résumé, beaucoup d’argent a été dépensé pour une énorme mascarade qui enfonce Madagascar un peu plus dans la crise politique, économique et sociale.
Jusqu’où ira Paris dans l’appui à Andry Rajoelina ?
Jusqu’à quand les Malgaches supporteront-ils cette politique française?
Les Inconditionnels de Madagascar,
À l’Ile de la Réunion
http://www.zinfos974.com/Tout-pour-que-Madagascar-ne-puisse-pas-se-relever-Suite_a21409.html?com