L'affaiblissement sans précédent des réseaux diplomatiques et culturels de la France
Source AFP
PARIS, 6 juil 2010 (AFP) - La diplomatie française est la cible de vives critiques d'un ancien ambassadeur à Dakar et d'ex-ministres dénonçant son affaiblissement, mais a nié mardi être en crise, son responsable, Bernard Kouchner, soulignant être "fier" de la politique française menée en Afrique.
Interpellé à l'Assemblée nationale au sujet des accusations répétées depuis trois jours dans des médias de l'écrivain Jean-Christophe Rufin, en poste au Sénégal pendant trois ans, le ministre des Affaires étrangères a espéré que ce dernier "ne s'étouffera pas de haine".
"Il a servi très bien la France (...) mais cela ne lui permet pas d'avoir un droit ni de regard sur les nominations ni de critiques sur un successeur", a déclaré Bernard Kouchner, en allusion aux affirmations de l'ex-ambassadeur selon lesquelles il a été débarqué de son poste par la seule volonté du président sénégalais Abdoulaye Wade, avalisée par la présidence française.
"On n'est jamais trahi que par les siens", a relevé le ministre qui avait porté lui-même l'écrivain, comme lui ex-médecin engagé dans l'action humanitaire, au pinacle de la diplomatie en lui confiant la plus grande ambassade de France en Afrique.
Dans plusieurs entretiens, Jean-Christophe Rufin, qui a quitté ses fonctions le 30 juin, a accusé Bernard Kouchner de gérer son ministère comme une ONG et d'accepter, sans "savoir partir", que le Quai d'Orsay devienne "sinistré" et "complétement marginalisé" par l'Elysée, notamment en Afrique.
Le rôle sur ce continent du secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, très interventionniste dans plusieurs pays, a souvent été pointé du doigt ces derniers mois par des parlementaires ou des journalistes influents.
"Nous sommes fiers de la politique qui a été menée, aussi bien pour la Guinée qui vient de voter pour la première fois depuis 59 ans, que pour le Rwanda (qui a repris fin 2009 des relations diplomatiques avec la France)", a rétorqué le ministre. "Nous sommes fiers de ce que nous avons fait après les coups d'Etat en Mauritanie, au Niger, ou à Madagascar", a-t-il insisté.
Pour la Mauritanie et le Niger, la France a d'abord condamné formellement les coups d'Etat avant de reprendre langue très rapidement avec les nouveaux dirigeants en les incitant à organiser un scrutin présidentiel.
A Madagascar, la crise politique n'est pas résolue et se double de graves problèmes économiques et sociaux.
Interrogé mardi par l'AFP, le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a rejeté l'idée d'une diplomatie en crise, tout en reconnaissant l'existence d'un contexte budgétaire "très difficile".
"Cette maison, ceux qui y travaillent, sont fiers de leur métier et continuent à être, en dépit des difficultés, totalement mobilisés", a-t-il assuré après la publication d'une tribune dans le journal Le Monde de deux ex-chefs de la diplomatie appelant à arrêter "l'affaiblissement sans précédent (des) réseaux diplomatiques et culturels de la France".
"L'instrument est sur le point d'être cassé, cela se voit dans le monde entier" et "tous nos partenaires s'en rendent comptent", jugent ainsi Alain Juppé, membre de la majorité du président Nicolas Sarkozy, en charge du Quai d'Orsay de 1993 à 1995, et le socialiste Hubert Védrine, chef de la diplomatie entre 1997 et 2002.
Selon ces deux ex-responsables, qui bénéficient toujours d'une forte cote de popularité au sein du ministère, le Quai d'Orsay a été amputé en 25 ans de plus de 20% de ses moyens financiers et en personnels. "Aucune administration n'a été réduite dans ces proportions", observent-ils, en notant une grande différence avec ce que font les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne.
PARIS, 6 juil 2010 (AFP) - La diplomatie française est la cible de vives critiques d'un ancien ambassadeur à Dakar et d'ex-ministres dénonçant son affaiblissement, mais a nié mardi être en crise, son responsable, Bernard Kouchner, soulignant être "fier" de la politique française menée en Afrique.
Interpellé à l'Assemblée nationale au sujet des accusations répétées depuis trois jours dans des médias de l'écrivain Jean-Christophe Rufin, en poste au Sénégal pendant trois ans, le ministre des Affaires étrangères a espéré que ce dernier "ne s'étouffera pas de haine".
"Il a servi très bien la France (...) mais cela ne lui permet pas d'avoir un droit ni de regard sur les nominations ni de critiques sur un successeur", a déclaré Bernard Kouchner, en allusion aux affirmations de l'ex-ambassadeur selon lesquelles il a été débarqué de son poste par la seule volonté du président sénégalais Abdoulaye Wade, avalisée par la présidence française.
"On n'est jamais trahi que par les siens", a relevé le ministre qui avait porté lui-même l'écrivain, comme lui ex-médecin engagé dans l'action humanitaire, au pinacle de la diplomatie en lui confiant la plus grande ambassade de France en Afrique.
Dans plusieurs entretiens, Jean-Christophe Rufin, qui a quitté ses fonctions le 30 juin, a accusé Bernard Kouchner de gérer son ministère comme une ONG et d'accepter, sans "savoir partir", que le Quai d'Orsay devienne "sinistré" et "complétement marginalisé" par l'Elysée, notamment en Afrique.
Le rôle sur ce continent du secrétaire général de la présidence, Claude Guéant, très interventionniste dans plusieurs pays, a souvent été pointé du doigt ces derniers mois par des parlementaires ou des journalistes influents.
"Nous sommes fiers de la politique qui a été menée, aussi bien pour la Guinée qui vient de voter pour la première fois depuis 59 ans, que pour le Rwanda (qui a repris fin 2009 des relations diplomatiques avec la France)", a rétorqué le ministre. "Nous sommes fiers de ce que nous avons fait après les coups d'Etat en Mauritanie, au Niger, ou à Madagascar", a-t-il insisté.
Pour la Mauritanie et le Niger, la France a d'abord condamné formellement les coups d'Etat avant de reprendre langue très rapidement avec les nouveaux dirigeants en les incitant à organiser un scrutin présidentiel.
A Madagascar, la crise politique n'est pas résolue et se double de graves problèmes économiques et sociaux.
Interrogé mardi par l'AFP, le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a rejeté l'idée d'une diplomatie en crise, tout en reconnaissant l'existence d'un contexte budgétaire "très difficile".
"Cette maison, ceux qui y travaillent, sont fiers de leur métier et continuent à être, en dépit des difficultés, totalement mobilisés", a-t-il assuré après la publication d'une tribune dans le journal Le Monde de deux ex-chefs de la diplomatie appelant à arrêter "l'affaiblissement sans précédent (des) réseaux diplomatiques et culturels de la France".
"L'instrument est sur le point d'être cassé, cela se voit dans le monde entier" et "tous nos partenaires s'en rendent comptent", jugent ainsi Alain Juppé, membre de la majorité du président Nicolas Sarkozy, en charge du Quai d'Orsay de 1993 à 1995, et le socialiste Hubert Védrine, chef de la diplomatie entre 1997 et 2002.
Selon ces deux ex-responsables, qui bénéficient toujours d'une forte cote de popularité au sein du ministère, le Quai d'Orsay a été amputé en 25 ans de plus de 20% de ses moyens financiers et en personnels. "Aucune administration n'a été réduite dans ces proportions", observent-ils, en notant une grande différence avec ce que font les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne.