Face à la pression populaire croissante, le président Andry Rajoelina a annoncé le 29 septembre la dissolution de son gouvernement. Cette décision intervient après des jours de manifestations qui ont fait au moins 22 morts et plus de 100 blessés selon les Nations Unies, un bilan que les autorités malgaches contestent sans toutefois fournir de chiffres officiels.
Un bilan humain tragique
Parmi les victimes de cette répression figurent deux bébés qui auraient été asphyxiés par les gaz lacrymogènes utilisés massivement par les forces de l'ordre. Les protestations, qui avaient commencé pacifiquement, ont rapidement dégénéré face à l'intervention disproportionnée des forces de sécurité.
Selon l'ONU, les forces de l'ordre sont intervenues avec une force excessive, lançant des gaz lacrymogènes, battant et arrêtant des manifestants. Certains policiers auraient même utilisé des munitions réelles contre la foule. Ces arrestations, qualifiées d'arbitraires par plusieurs observateurs, visent à intimider le mouvement et à décourager les nouvelles mobilisations.
Une dissolution qui ne suffit pas
Malgré le limogeage du ministre de l'Énergie le 26 septembre et la dissolution complète du gouvernement trois jours plus tard, les manifestants ne désarment pas. Le président Rajoelina a annoncé qu'il accepterait les candidatures pour de nouveaux ministres par email et même via LinkedIn, une démarche inédite qui interroge sur la gravité de la situation.
Pourtant, cette concession gouvernementale n'a pas calmé la colère de la rue. Les manifestants exigent désormais la démission du président lui-même, estimant que le changement de gouvernement ne résoudra pas les problèmes structurels du pays.
Des contre-manifestations suspectes
En réponse au mouvement de la Gen Z, des contre-manifestations de soutien au président ont été organisées. Leur crédibilité est cependant fortement remise en question, plusieurs sources évoquant la participation de manifestants payés pour afficher leur soutien au régime. Cette tactique viserait à donner l'impression d'une division de l'opinion publique et à justifier le maintien du président au pouvoir.
Le président dénonce une tentative de coup d'État
Refusant de démissionner, Andry Rajoelina a dénoncé ce qu'il qualifie de tentative de coup d'État. Lors d'une allocution télévisée, il a affirmé comprendre "la colère, la tristesse et les difficultés" de la population, tout en campant sur ses positions.
Les forces de police ont barricadé le quartier central des affaires d'Antananarivo pour empêcher les manifestants d'accéder à la place qui a été le point focal des soulèvements précédents dans l'île. Un couvre-feu ajusté de 20h à 4h du matin reste en vigueur.
Un mouvement qui inspire au-delà des frontières
Les protestations de Madagascar s'inscrivent dans une vague mondiale de mobilisations menées par la génération Z. De Kathmandu à Lima, la jeunesse descend dans les rues pour exiger des comptes, du changement et, dans certains cas, parvient à renverser des gouvernements.
Cette révolte malgache, qui a commencé par des revendications sur l'accès à l'eau et à l'électricité, s'est transformée en un mouvement politique majeur qui remet en question la légitimité même du pouvoir en place. L'issue de cette crise déterminera non seulement l'avenir politique de Madagascar, mais pourrait aussi inspirer d'autres mouvements de jeunesse à travers le continent africain.