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Affaire Fetison Rakoto Andrianirina : Procès sous tension à Anosy

L'Express de Madagascar


Les inculpés à leur arrivée au tribunal, hier.
Les inculpés à leur arrivée au tribunal, hier.
 
Fetison Rakoto Andrianirina, Zafilahy Stanislas Rakotomandimby et Edouard Tsarahame ont été à la barre durant deux heures.
 
Soyons respectueux! Sinon, le procès risque de s'effectuer à huis-clos. Une heure après le début de l'audience, maître Hanitra Razafimanantsoa, membre du panel d'avocats à la défense de Fetison Rakoto Andrianirina, Zafilahy Stanislas Rakotomandimby et Edouard Tsarahame, a dû s'adresser à haute voix à l'assistance pour la rappeler à l'ordre. Mais l'atmosphère restait toujours tendue dans la salle 2 du palais de la Justice, malgré son intervention.
C'était dans une ambiance particulière que les trois dirigeants de l'opposition, détenus à la prison d'Ambatolampy depuis presque trois mois, ont été appelés à la barre. Les partisans des mouvances alliées Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka ayant essentiellement rempli la salle d'audience, ont réagi dans l'immédiat à chaque fois que le déroulement du débat ne leur convenait pas. Ils ont hué le juge quand ce dernier à refusé la demande de la défense, tant en vue de la projection préalable d'un film relatant les faits conflictuels que pour une liberté provisoire des trois détenus.
Haute surveillance
Fetison Rakoto Andrianirina, comme ses deux co-accusés, a nié d'une manière catégorique les charges formulées à son encontre. Il est poursuivi pour refus d'obtempérer quand les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants, d'avoir fait appel à la violence et d'avoir participé à une manifestation non autorisée dans la rue. « Nous n'avons reçu aucune sommation des forces de l'ordre ce 10 novembre », a-t-il soulevé pour se défendre contre la première accusation.
Le chef de délégation de la mouvance Ravalomanana aux négociations de résolution de crise a mentionné l'existence d'un accord de principe en faveur de l'utilisation du stade de Malacam par les Trois mouvances, deux fois par semaine. Mais la préfecture de police de la capitale a changé d'avis au dernier moment. Et ce n'était que le 10 novembre chez le patron de l'État-major mixte opérationnel régional (EMMO/Rég) qu'ils ont été informés de la réponse à leur demande d'autorisation de tenir un meeting.
Dans sa plaidoirie, maître Hanitra Razafimanantsoa a engagé la responsabilité du Préfet de police qui, suivant ses termes, n'a pas agi dans le délai raisonnable. Elle a évoqué que le silence de l'autorité vaut autorisation. Afin de donner une teinte politique à l'affaire, l'avocate a dénoncé un « deux poids, deux mesures » puisque contrairement au présent cas, la juridiction ne s'est pas saisie d'office dans l'affaire des pillages du 26 janvier 2009. « Si on se réfère à ce dossier que nous traitons, ceux qui sont actuellement au pouvoir auraient dû faire l'objet d'emprisonnement », a ajouté un de ses collègues en présence dans la salle d'audience de quelques politiciens dont Hery Raharisaina et Rodin Rakotomanjato, tous les deux anciens parlementaires TIM (Tiako i Madagasikara), Lalatiana Ravololomanana du Comité de solidarité à Fetison Rakoto Andrianirina, ainsi que Ihanta Randriamandranto.
La Cour rendra son verdict ce matin à Anosy. Les prévenus risquent des peines d'emprisonnement.


Fano Rakotondrazaka

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