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Denrées : L'État importateur fait débat

L'Express de Madagascar



Une divergence d'opinion est constatée sur la nouvelle décision de l'État qui consiste à importer lui-même du riz et du sucre. 
Le rôle de l'État doit se limiter à celui de régulateur. Tel a été le propos de Hugues Rajohson, lorsqu'on lui a demandé son opinion sur le fait que l'État va également devenir un importateur de riz et de sucre. Étant directeur de cabinet du ministre des Finances et du Budget, mais économiste avant tout, il a expliqué pendant la rencontre du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar (CREM), dont il est le coordonnateur, que l'État ne doit pas agir à la place des privés même si son intention est justifiée.
« Le rôle de l'État est inquiétant en ce moment. Même s'il a l'intention de bien faire, face au comportement complexe des agents économiques, il doit réfléchir davantage », avance t-il.
Un autre économiste, Jonah Andrianatoanina, partage son avis. « L'État doit rester libéral. Les activités économiques doivent rester un domaine des opérateurs », précise-t-il.
Sur ce point, l'État a déjà donné une explication dans son communiqué envoyé dans la soirée du 27. « Ne perdant nullement de vue la pratique universelle inhérente au libéralisme, le gouvernement a néanmoins décidé d’intervenir de la sorte, dans l’unique but de faire baisser les prix des produits de première nécessité, notamment celui du riz, sur le marché national ». Le communiqué justifie l'initiative de l'État comme étant « légitime », vu les souffrances endurées par bon nombre de ménages, face au prix exorbitant du riz noté actuellement.
Intervention nécessaire
Cet argument est partagé par Andriampeno Ramiliarison, un autre économiste, qui considère que l'intervention de l'État est nécessaire dans un pays pauvre comme Madagascar. « L'état se devait de prendre cette décision, étant donné que c'est un pays où on ne peut même pas encore parler de sous développement. Nous ne pouvons pas encore nous permettre de vivre dans un vrai système libéral, notre économie doit être dirigée ».
Dans tous les cas, des flous restent encore à éclaircir sur cette nouvelle activité de l'État, tel que le choix des grossistes qui vont effectuer la distribution. Une histoire à suivre.
Judicaëlle Saraléa

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