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L'ex-président malgache condamné aux travaux forcés

Le Figaro

Marc Ravalomanana, qui vit en exil en Afrique du sud, a été reconnu coupable de meurtre et de complicité de meurtre dans la tuerie de février 2009, où la garde présidentielle avait tiré sur la foule.

Une sentence prononcée en l'absence de l'accusé. L'ancien président malgache Marc Ravalomanana a été condamné samedi par contumace aux travaux forcés à perpétuité. L'ex-chef d'Etat, renversé en mars 2009, a été reconnu coupable de meurtre et de complicité de meurtre dans la tuerie de février 2009. La garde présidentielle avait tiré sur la foule, qui se dirigeait vers le palais, qui abritait les bureaux du président. Cette fusillade avait fait au moins une trentaine de morts et plus d'une centaine de blessés parmi les manifestants. Elle avait coûté à Marc Ravalomanana le soutien de l'armée. A l'issue de plusieurs semaines de crise, le chef d'Etat avait été destitué en mars par le maire de la capitale Antananarivo et principal rival, Andry Rajoelina.

La peine de samedi a peu de chance d'être appliquée. Marc Ravalomanana vit en exil en Afrique du Sud depuis son éviction du pouvoir. «Pour lui, ce n'est pas une décision sérieuse car la justice actuelle est trop instrumentalisée par le régime en place» a dénoncé une de ses avocats. «Le but est de le condamner pour qu'il ne puisse pas rentrer à Madagascar et se présenter aux élections futures», accuse Me Hanitra Razafimanantsoa. La défense de l'ancien président étudie les voies de recours disponibles : opposition ou recours en cassation. Marc Ravalomanana n'était pas le seul prévenu. Parmi les dix-huit autres co-accusés, quatorze ont écopé d'une peine de travaux forcés à perpétuité.

Déjà deux condamnations à son actif

Cette condamnation est la dernière d'une longue liste. Marc Ravalomanana a déjà écopé depuis son départ forcé du pouvoir en mars 2009 à quatre ans et 70 millions de dollars d'amende pour conflits d'intérêts dans l'achat d'un avion présidentiel en 2009, puis à cinq ans de travaux forcés dans une affaire d'achat de terrain.

Le verdict de samedi risque de compliquer les efforts pour mettre à terme à la crise politique dans laquelle est engluée Madagascar. Les trois mouvances de l'opposition malgache dominées par les anciens chefs d'Etat malgaches, Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, ont rejeté mi-août le calendrier électoral proposé par Andry Rajoelina. L'actuel homme fort de Madagascar et 160 petites formations politiques ont signé un texte prévoyant une Conférence nationale du 30 août au 3 septembre, des législatives le 16 mars 2011, et le premier tour de l'élection présidentielle le 4 mai. Un scrutin auquel Andry Rajoelina a promis qu'il ne sera pas candidat.
Madagascar n'a pas vraiment renoué avec la stabilité depuis l'arrivée au pouvoir de l'ancien disc-jokey de 36 ans. La communauté internationale lui reproche notamment d'être arrivé au pouvoir de manière non-démocratique. L'Union africaine a suspendu l'île tandis que l'Union européenne a suspendu son aide au développement.
(Avec agences)

http://www.lefigaro.fr/international/2010/08/28/01003-20100828ARTFIG00436-l-ex-president-malgache-condamne-aux-travaux-forces.php 

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