A Madagascar, l'inculpation de Raymond Ranjeva suscite interrogations et émotions
Raymond Ranjeva (D) ancien vice-président de la Cour Internationale de Justice.
AFP/ROBIN UTRECHT
A Madagascar, le volet judiciaire de la tentative de mutinerie d’Ivato, il y a une dizaine de jours se poursuivra cette semaine. Les mutins ont été placés sous mandat de dépôt, et les enquêteurs cherchent actuellement d’éventuels commanditaires ou soutien. Leurs investigations les ont d’abord menés chez Raymond Ranjeva, l’ancien vice-président de la Cour internationale de justice a été inculpé mais laissé en liberté provisoire. Par « obligation de discrétion », il refuse de réagir, mais à Antananarivo, beaucoup s’inquiètent de la tournure que prennent les évènements.
L’affaire Ranjeva a été au centre de beaucoup de déjeuners dominicaux. Dans l’aristocratie ou la bourgeoisie d’Antananarivo on a du mal à digérer les soucis causés à cette grande famille. Ce qui choque en premier lieu c’est l’incarcération de Riana Ranjeva, Bozy comme l’appellent ses amis, la fille de Raymond.
Elle sera jugée le 30 novembre pour outrage aux forces de l’ordre lors d’une perquisition, et beaucoup y voient surtout un moyen de mettre un peu plus la famille sous pression. Le père retournera, quant à lui, au tribunal le 3 décembre, soupçonné de complicité dans la mutinerie d’Ivato.
Des connaissances estiment qu’il se retrouve embarqué dans cette histoire par naïveté, et n’imaginent pas une seconde qu’il puisse être impliqué, même s’ils connaissent son engagement et savent que des documents compromettants auraient été trouvés. En fait, ils considèrent surtout que le régime actuel est paranoïaque et voit des complots partout.
Cette fracture au sein des élites malgaches avait fragilisé Marc Ravalomanana en son temps, Andry Rajoelina entretient cette division. Un jeu dangereux, quand on connaît le poids des grandes familles, qui même si elles ne réagissent pas directement, n’en oublient pas pour autant les humiliations qu’on leur a fait subir.
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