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Le partage de pouvoir ou "Power sharing" de 1991?

Madatimes
07-01-2011| Écrit par Toavina Ralambomahay 

La transition de 1991-1993 fait partie de la culture politique  malgache. C’était une transition réussie du point de vue formelle.Elle a vu accouché une constitution et élire un président reconnu par son adversaire battu.

En 1991, les Hery Velona Rasalama ont réclamé la démission du  président Didier Ratsiraka. Ils ont provoqué le 10 août 1991 et le président  Ratsiraka a tiré sur les manifestants. Mais Manandafy Rakotonirina et Andriamanjato Richard, qui ont écouté le président François Mitterrand, ont compris une chose: s'ils font un  coup d'Etat; la communauté internationale coupe les vivres. Oui, ce concept de  démocratie ne date pas de 2002 encore moins de 2009.

 "tsy iala aho"

Et comme Didier Ratsiraka est un président élu démocratiquement (Mandafy Rakotonirina l'atteste puisque c'est lui qui a été battu en 1989), Manandafy Rakotonirina et Andriamanjato Richard sont revenus chez leur  partisan respectif en disant "on va parlementer avec Radidy". Ils ont failli en mourir car le 13 mai ne voulait plus de Didier  Ratsiraka. Mais les orateurs, le sociologue et le pasteur, ont tenu bon. De son côté le président Ratsiraka qui a dissout le gouvernement Ramahatra depuis le début de l’année 1991 et a nommé Guy Razanamasy comme premier ministre.

 Convention du Panorama

 Le 31 octobre 1991, tout le monde s'est assis au Panorama. Didier Ratsiraka a accepté de lâcher tout son pouvoir au bénéfice du premier ministre Guy Willy Razanamasy mais garde son titre de président. Il  accepte le Pr Zafy Albert comme numéro 2 de l’Etat en qualité de président de la Haute autorité de l’Etat, et Manandafy Rakotonirina et Richard Andriamanjato comme président du Comité pour le Redressement économique et Social (en  lieu et place de l'assemblée nationale populaire et du Conseil supérieur de la révolution).

 Le président Zafy a mis du temps pour accepter la convention.
 Mais voilà ce qu’on appelle un bon partage de pouvoir ou « power sharing ». Dans son « mandefitra manana ny rariny », le président Didier Ratsiraka a sacrifié son pouvoir et son parti (l'Arema) qui était devenu minoritaire à la HAE et au Cres. Au gouvernement, l'Arema était quasi absent mais les  ministres respectait (sans plus peut être) le président Ratsiraka.

Ministère de souveraineté

Il n’était pas question alors que les ministères de souveraineté  soient sous la tutelle du président. Néanmoins, en gentleman, le ministre de la défense par exemple, le général Ramakavelo reconnaissait en Didier Ratsiraka  l’autorité du Chef suprême des armées. Tous deux paradaient sur le Command car lors des 26 juin de la période. Ou encore feu Césaire Rabenoro, ministre des Affaires étrangères est venu faire la visite de courtoisie au Chef de l'Etat qui est toujours resté le représentant de l’Etat malgache sur la scène  internationale. Celui qui ne pouvait pas supporter Ratsiraka était sans doute le vice premier ministre Ravony.

Et la transition était une réussite!
 
Le referendum était tenu! Didier Ratsiraka avait boycotté le forum et le referendum, mais s'est incliné devant les résultats. Pour la petite  le président Zafy lui-même a amendé la constitution issue du forum de 1993. Il faut rappeler que les fédéralistes pro Ratsiraka ont essuyé des  tirs au Cemes Soanierana pendant le forum national. Il y eut une élection démocratique où le professeur et président de la Haute Autorité de l’Etat Zafy Albert a battu le président en exercice Didier Ratsiraka!

 Président élu et reconnu

Et à l’époque il y avait déjà un deuxième tour à Madagascar. Comme tout démocrate qui se respecte Didier Ratsiraka a félicité son  vainqueur. Le président de la HCC d’alors, Norbert Lala Ratsirahonana a lu sa lettre. Alors, pourquoi, on ne réussirait pas un partage de pouvoir pour 18 mois? Pourquoi on ne réussirait pas une sortie de crise honorable pour tous et sans exclure personne? Didier Ratsiraka, Albert Zafy, Richard Andriamanjato, et Manandafy Rakotonirina ont réussit. Mais alors où est le problème?


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