Madagascar-Ressources naturelles: Le dilemme du bois de rose

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Ressources naturelles-Madagascar - Le sort du bois de rose saisi reste incertain. L'État tarde à trancher sur l'avenir des cargaisons de bois de rose saisies depuis 2009. Un véritable dilemme entre la manne financière d'une vente aux enchères et l'image négative du pays vis-à-vis de l'opinion internationale.

S'il y a une chose qui a terni l'image du régime de transition à l'internationale, ce sont les trafics de bois de rose. Andry Rajoelina et son gouvernement étaient dans l'incapacité de mettre fin aux coupes illicites dans les aires protégées tandis que des exportations ont continué à se faire, mettant le silence de l'État en contradiction avec les décrets publiés interdisant tout commerce de bois de rose. La levée de saisie des 70 rondins bloqués au port de Toamasina a été le dernier exemple en date. Mais il y a eu aussi le scandale des 300 tonnes interceptées par les autorités comoriennes et les quatre conteneurs prêts à embarquer à Toamasina. La complicité de hautes personnalités était évidente mais le gouvernement n'a jamais publié les noms des gros poissons qui ont trempé dans la magouille. Un secret bien gardé mais qui pourrait peut être être révélé le moment venu. Une épée de Damoclès qui pend au dessus des têtes des coupables. En tout cas, une accalmie est néanmoins enregistrée depuis quelques mois même si des saisies ou des coupes illicites sont signalées ici et là. Il reste à résoudre le cas des bois saisis, pas moins de 10 000 rondins, éparpillés partout dans le pays.


« Nous allons d'abord assainir la filière avant de nous pencher sur le cas de ces bois saisis. Toucher à ces stock aujourd'hui risque de remettre en cause les efforts déjà accomplis », s'est déjà exprimé sur la question le général Herilanto Raveloharison, ministre de l'Environnement et des forêts.

Non respect de la législation

Comme ce sont des cargaisons saisies suite à une infraction à la loi, il appartient à la Justice de trancher sur leur avenir. L'option la plus logique serait de lancer une vente aux enchères mais elle n'est pas sans risques. Comment, par exemple, garantir que la procédure de vente sera entièrement propre ? Vu l'argent qui circule dans le milieu, beaucoup d'opérateurs seraient prêts tenter le tout pour le tout pour avoir leur part. Ensuite, à quoi seront utilisés les fonds issus de cette vente ? Déjà, des flous entourent l'utilisation des 40 milliards d'ariary issus du paiement des pénalités de 72 millions d'ariary par conteneurs exportés. Andry Rajoelina avait déclaré que ce financement sera utilisé pour faire du reboisement et pour protéger les forêts mais un responsable proche du dossier affirme qu'aucune trace qui concrétise une telle décision n'a été vue jusqu'à aujourd'hui.

En tout cas, le sujet bois de rose embarrasse sans doute les hautes sphères du pouvoir. Andry Rajoelina a pendant longtemps décidé d'occulter le sujet lors de ses interviews télévisées. Il est clair que le sujet restera un des points faibles et des mauvais souvenirs du régime pendant longtemps encore. Ce sera un suget de critique de choix pour les opposants même si la décision qui a déclenché l'hémorragie et la ruée dans les forêts protégées a été prise par le régime Ravalomanana le 28 janvier 2009 lequel a autorisé 13 opérateurs à exporter du bois de rose.

La réflexion aujourd'hui doit être axée sur la gestion pérenne de la ressource de bois de rose. Faudra-t-il exploiter cette ressource naturelle qui constitue, il faut le reconnaître, une manne financière facile à obtenir notamment en période de crise comme celle que nous vivons aujourd'hui ? Ou alors, décider une bonne fois pour toutes, d'interdire à jamais l'exploitation du bois de rose au nom de la protection de l'environnement. Et dan ce cas, comment éviter qu'un tel désastre ne se répète pas ?

S'il y a une chose que la crise et le pillage des bois de rose a mis en évidence, c'est la limite des structures mises en place par les projet de développement et des ONG environnementales pour gérer les forêts. A la première pression, les mécanismes ont volé en éclats, laissant les forêts entre les mains des pilleurs composés surtout des villageois qui vivent à proximité, ceux qui étaient censés assurer la protection de ces richesses. Ce sont également les millions de dollars dépensés pour ces projets qui sont perdus.

Mahefa Rakotomalala


http://www.afriquejet.com/ocean-indien/madagascar/madagascar-ressources-naturelles:-le-dilemme-du-bois-de-rose-2011011367252.html

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