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Climat des affaires: Le retour de la grande corruption

AFRIQUE HEBDO | October 22, 2010 | By Toma

Secteur pétrolier, industrie, télécoms, pêche, communication, bois de rose…

La liste est longue et concerne presque tous les secteurs selon Thierry Rajaona du cabinet FTHM. C’était hier au séminaire sur la microfinance organisée par l’AFD à Anosy. A son avis, la grande corruption est de retour. Dans les télécoms, il évoque, entre autres, des intérêts privés qui manipulent l’Etat. Sans cela, ce secteur n’en serait pas actuellement à ces imbroglios de textes et de problèmes divers qui nuisent à son développement. Certes, la concurrence joue pleinement dans des branches comme la téléphonie. Il n’en est pas de même pour l’Internet dont les prix demeurent non abordables pour la plupart des consommateurs. Signalons que les câbles sous-marins de Seacom déjà tirés au large de Toliara devraient contribuer largement à réduire ces prix. Mais par manque de volonté politique de l’Etat dicté essentiellement par la protection d’un intérêt privé dans le secteur des télécoms, le secteur de l’Internet doit se contenter de prix demeurés élevés. Selon des professionnels du secteur, Seacom propose pourtant des tarifs défiant toute concurrence, soit 30 dollars par gigabit par mois, contre 1 150 dollars par mégabit par mois pour d’autres câbles.

Rappelons que Seacom est né du protocole de Kigali du 2 août 2006 dont Madagascar est signataire. Ses câbles ne demandent qu’à atterrir à Madagascar. Mais outre la protection notoire d’un intérêt privé empêchant cet atterrissement, l’Etat a également tenté d’attribuer la gestion de la communication internationale à une entreprise qui a déjà escroqué d’autres Etats africains en la matière. Dernièrement, des ministères économiques au Sénégal se sont insurgés contre le contrat signé par le président sénégalais Wade avec une telle entreprise. Un contrat qui spolie les opérateurs des télécoms. Sinon, le conférencier a d’ailleurs évoqué les tentatives de contrôle de certains pans de l’économie par l’Etat. Il cite l’inspection avant embarquement des marchandises, une pratique rejetée par les opérateurs. Il y a aussi l’intervention sur le marché pétrolier, le marché des changes… A son avis, les solutions pour mitiger les impacts de la crise devraient passer par le retour de la confiance. Il faut donc respecter l’Etat de droit, lutter contre la corruption, offrir plus de visibilité aux opérateurs économiques.

Pour l’heure, ces derniers sont dans une situation difficile à cause d’une kyrielle de problèmes dont la gêne occasionnée par des intérêts privés multiples évoluant au détriment du développement des entreprises et de la création d’emplois. Le conférencier n’a pas donné une identification exacte du cercle où évoluent ces intérêts privés. Mais comme sous le précédent régime, ils font souvent partie des réseaux qui tournent autour du pouvoir en place. Si le conférencier a relevé les problèmes du secteur privé souvent provoqué par le comportement du régime actuel, il a également soulevé les pratiques néfastes du précédent régime à l’encontre des opérateurs économiques. Il cite notamment le harcèlement fiscal et de certains opérateurs, la tentation de retour en force de l’Etat dans l’économie. Et si le pays a connu sous Ravalomanana une belle croissance, des secteurs comme l’industrie tournée vers le marché local et les filières d’exportation n’ont pas profité de cette croissance. En ce qui concerne la mitigation des impacts de la crise actuelle, le conférencier propose la reprise des réformes économiques, la mise en place de soutiens fiscaux ciblés, une politique des changes prévisible, des garanties renforcées pour les PME…

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