Accéder au contenu principal

La démonstration de l’après-Montreux

Madagascar Tribune
mardi 26 octobre 2010, par Patrick A.

« Les choses sont difficiles à comprendre à Madagascar ». Voici une affirmation qu’on a maintes fois entendu ces derniers mois de la part d’observateurs étrangers, et qui devrait en toute logique irriter les journalistes malgaches ainsi soupçonnés de ne pas avoir la capacité d’expliquer la situation.

Les choses sont-elles réellement si compliquées que cela ? Elles ne sont pas simples, mais l’on serait tenté de dire que la situation à Madagascar serait affreusement banale s’il n’y avait chez les protagonistes un refus obstiné des nuances. À entendre les réactions qui ont suivi le sommet de la Francophonie à Montreux, entre les « hors Maputo et Addis Abeba, point de salut » et les « plus question de faire du tourisme pour mener des discussions qui n’aboutiront à rien », nous ne sommes vraiment pas sortis de l’auberge.

Deux réalités

 

Malgré les apparences, ce sommet n’aura finalement servi à pas grand chose, si ce n’est à remettre en évidence deux fortes réalités. La première, c’est que la communauté internationale ne reconnaîtra qu’une solution consensuelle. La deuxième, c’est que ceux qui pensent que le régime tombera comme un fruit mûr sous le coup d’humiliations publiques se mettent lourdement le doigt dans l’œil.

Au delà de cela, tout le reste n’est plus qu’affaire de vocabulaire. Selon ses inclinations politiques, on appelera tel comportement chez X « courage et détermination » et chez Y « entêtement et obstination ». La réalité objective est qu’il faut être deux, aussi bien pour danser le tango que pour faire un match de kung-fu.
Le sommet de la Francophonie ne dit pas autre chose dans sa résolution finale :

Nous, Chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, réunis les 23 et 24 octobre 2010 à Montreux, en Suisse, à l’occasion du XIIIe Sommet de la Francophonie,
(…)

Appelons à un retour rapide de l’État de droit et de la démocratie à Madagascar. À cette fin, nous demandons à nouveau à l’ensemble des acteurs malgaches, des sphères politique et civile, de tout mettre en œuvre pour favoriser un climat apaisé et de faire aboutir, de bonne foi, un dialogue ouvert à tous pour définir, dans un esprit de consensus, les modalités réalistes d’une sortie de crise et la tenue, dans les délais les plus proches, d’élections libres, fiables et transparentes, acceptées par toutes les parties et soutenues par la communauté internationale ;

L’appel s’adresse non seulement au gouvernement, mais aussi et surtout à l’ensemble des acteurs malgaches. Et le défi (évitons challenge puisque l’on a affaire à la francophonie…) reste plus que jamais de proposer des « modalités réalistes » portant notamment sur le lieu et la forme de la table de discussion, plutôt que de lancer des incantations sur un retour à un ordre constitutionnel dont on ne sait pas trop s’il a jamais existé.

http://www.madagascar-tribune.com/La-demonstration-de-l-apres,14969.html

Posts les plus consultés de ce blog

Madagascar : La génération Z se soulève contre les coupures d'électricité et d'eau

  Une vague de protestations sans précédent secoue actuellement Madagascar, portée par une jeunesse déterminée qui refuse la résignation face aux conditions de vie dégradées. Ce mouvement, baptisé "Gen Z", illustre la colère d'une génération qui exige des changements concrets dans un pays où trois quarts de la population vit sous le seuil de pauvreté. Des coupures qui exaspèrent le quotidien Au cœur de cette mobilisation se trouve une revendication simple mais vitale : l'accès constant à l'eau et à l'électricité. Les habitants d'Antananarivo, la capitale, subissent des coupures incessantes qui laissent souvent les foyers et entreprises sans électricité pendant plus de 12 heures d'affilée. Ces dysfonctionnements répétés paralysent l'économie locale et rendent la vie quotidienne particulièrement difficile. Pour une population où environ 75% des 30 millions d'habitants vivent dans la pauvreté selon les données de 2022, ces problèmes d'infra...

Madagascar : La dissolution du gouvernement ne suffit pas, la Gen Z continue la lutte

  Face à la pression populaire croissante, le président Andry Rajoelina a annoncé le 29 septembre la dissolution de son gouvernement. Cette décision intervient après des jours de manifestations qui ont fait au moins 22 morts et plus de 100 blessés selon les Nations Unies, un bilan que les autorités malgaches contestent sans toutefois fournir de chiffres officiels. Un bilan humain tragique Parmi les victimes de cette répression figurent deux bébés qui auraient été asphyxiés par les gaz lacrymogènes utilisés massivement par les forces de l'ordre. Les protestations, qui avaient commencé pacifiquement, ont rapidement dégénéré face à l'intervention disproportionnée des forces de sécurité. Selon l'ONU, les forces de l'ordre sont intervenues avec une force excessive, lançant des gaz lacrymogènes, battant et arrêtant des manifestants. Certains policiers auraient même utilisé des munitions réelles contre la foule. Ces arrestations, qualifiées d'arbitraires par plusieurs o...

Boeing, Iran, Madagascar : les faits, les questions, le contexte

  (Agence Ecofin) - Une affaire d’apparence administrative expose Madagascar à une controverse à portée internationale. Cinq avions de type Boeing 777, brièvement enregistrés auprès de l’Aviation civile malgache dans le cadre d’un convoyage technique, se retrouvent dans la flotte d’une compagnie iranienne soumise à des sanctions. L’Autorité de l’aviation civile du pays dénonce une fraude et se défend de toute complicité. L’enquête en cours soulève des interrogations sur la solidité des dispositifs de régulation, dans un contexte diplomatique déjà tendu entre Madagascar et les États-Unis. Lire l'article