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Fils de pub

Madagascar Tribune
mardi 14 décembre 2010, par Patrick A. 



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Photo Madagate.com
Toute bataille politique se joue aussi à coup de communication. Quasiment trois ans jour pour jour après une victoire électorale à Antananarivo ville, Andry Rajoelina entendait probablement symboliser ce samedi à la fois la réalisation de ses promesses d’alors et sa « victoire » sur une communauté internationale qui entend lui « imposer » de s’assoir à la même table que les trois mouvances.
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Photo MyDago.com
Comme pour lui répondre, les partisans de Marc Ravalomanana ont le lendemain même célébré l’anniversaire de celui-ci au Magro de Tanjombato. Revendiquant sans complexe l’appellation de zanak’i Dada, les participants au meeting entendaient montrer que les jeux étaient loin d’être faits et qu’ils n’entendaient nullement baisser pavillon. Pas question pour eux de reconnaître les résultats d’un référendum « illégal et illégitime », ni de lâcher prise avant l’arrivée d’une « véritable transition consensuelle et inclusive ».

Un message passe forcément par des vecteurs. Paradoxalement, ce fut l’homme qui tenta de mettre en valeur la notion d’éthique politique à Madagascar qui développa la marchandisation de nos hommes politiques. Depuis, Marc Ravalomanana s’est mis en scène comme un yaourt, Andry Rajoelina a léché ses clips audio-visuels à la sauce MTV.


Aujourd’hui cependant, le temps étant passé par là, la communication semble bien plus être à usage interne qu’externe. Les symboles ne visent plus qu’à renforcer la conviction des convaincus, et l’on ne se préoccupe pas vraiment de ce qu’en penseront ceux qui ne partagent pas les mêmes idées.

Y a-t-il simple naïveté ou provocation ? L’utilisation par le couple Rajoelina de tenues rappelant le temps de la royauté ne pouvait être le fait du simple hasard, des précédents ayant déjà suscité d’innombrables commentaires. Le pied de nez avait tout de celui d’une bande de gamins facétieux, riant au nez et à la barbe de ses détracteurs. Les nattes de Mialy Rajoelina semblaient vouloir souligner l’insouciance de la jeunesse.

Du côté du Magro, on ne rechigne pas non plus à récupérer les attributs de la féodalité. Grandes démonstrations d’affection, distribution de « nofon-kena mitam-pihavanana », l’on était certain d’agacer ceux qui veulent ne voir dans l’appel à la consensualité qu’un retour à la vassalité.

Dans le même temps, SADC et ONU arrivaient discrètement à Ivato. Car la politique doit parfois aussi apprendre à être discrète.


http://www.madagascar-tribune.com/Fils-de-pub,15221.html

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