Non-dits

L'Express de Madagascar

Andry Rajoelina sera-t-il candidat au... référendum ? À en juger son engagement dans la campagne de sensibilisation des électeurs, on ne dirait pas non. Et puis à défaut de pouvoir se présenter à l'élection présidentielle pour avoir annoncé urbi et orbi son retrait, il se rabat sur le référendum. Du moins jusqu'à ce que les choses changent. Car il est improbable que le personnage principal de la crise et de la Transition s'efface de l'histoire comme une écriture au tableau noir sans laisser de traces. On imagine mal la 4ème République se faire sans lui.

C'est d'autant plus vrai que beaucoup, dans son camp, risquent de tout perdre sans lui. C'est toute l'énigme de cette campagne où on ignore pour le moment la vraie question posée aux électeurs à laquelle ils doivent répondre par oui ou par non. Il y a tout autant de non-dits que d'articles dans l'avant-projet de Constitution qu'il faudra s'attendre à tout. Le pouvoir reviendra-t-il au Capsat, à Ravalomanana, au directoire militaire en cas de victoire du non ? Dans cette éventualité, sur quel texte, sur quelle loi se basera-t-on ? L'ancienne Constitution qui est d'ailleurs toujours prise en référence dans tous les décrets, ou l'ordonnance du 17 mars 2009 ? Ou procédera-t-on à un 2ème référendum ? C'est un cas extrême et on n'en est pas encore là. La certitude est que ni le OUI ni le NON ne pourrait battre l'abstention. On devrait ainsi opter pour une République muette ou supprimer carrément le droit à l'abstention et au bulletin nul comme dans certains pays.

Cela paraît plus simple et évite à la CENI de se confondre dans la définition de l'inauguration, du vernissage ou du bizutage. Et puis la campagne aurait été plus animée, les débats plus intéressants sans le recours aux percussions du show-biz qui n'offre que l'illusion d'un vote massif, d'une victoire écrasante. Entre les tournées de Monja Roindefo, de Tantely Andrianarivo, de Pierrot Rajaonarivelo et la campagne référendaire, il faut en conclure qu'on se dirige vers un match nul.

Puisqu'il est difficile de croire que des centaines de milliers de personnes soutiennent les anciens exilés, l'ancien Premier ministre à Mahajanga qu’autant roulent pour le référendum. Comme il suffit parfois d'un ouï-dire pour mobiliser les gens, on assiste souvent à la même assistance.

Sylvain Ranjalahy

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