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BANI Ivato : Reddition des mutins

L'Express de Madagascar


Les éléments des Forces armées rasant le mur de la BANI pendant l’assaut, samedi.
Les éléments des Forces armées rasant le mur de la BANI pendant l’assaut, samedi.
La rébellion d'une vingtaine d'officiers retranchés à la BANI a pris fin après quelques échanges de tirs. Ils ont choisi la reddition après trois jours.

Il est 17h 30. Les militaires loyalistes, dont certains affichent encore une mine nerveuse, embarquent dans les camions et les voitures à quelques mètres du portail de la Base aéronavale d’Ivato (BANI). Ils quittent les lieux sous les applaudissements des habitants, sortis de toutes parts après avoir déserté le quartier presque tout l’après-midi.

D’autres militaires, disposés en appui des éléments entrés dans la caserne, suivent le pas. Quelques minutes plus tôt, un convoi d’une dizaine de voitures, dont celle du général André Ndriarijaona, et probablement celles conduisant les mutins, sortent à vive allure de l’enceinte de la BANI, sous l’escorte de neuf motards. Ces scènes mettent fin à trois jours de mutinerie des officiers réclamant la suspension des institutions. 

Dans la soirée, vers 21 heures, le Premier ministre Camille Vital annonce d’une manière officielle la fin de la mutinerie à son bureau à Mahazoarivo. « La voie choisie a été payante car cette crise s’est dénouée par la reddition des mutins sans effusion de sang, ni perte en vie humaine », exulte le chef du gouvernement, entouré des généraux Lucien Rakotoarimasy, Randrianazary, André Ndriarijaona et Bruno Razafindrakoto, respectivement ministre des Forces armées, secrétaire d’Etat à la gendarmerie, Cemgam et commandant de la Gendarmerie.

Armés jusqu’aux dents 
Le règlement de la mutinerie aurait dû se dérouler sans heurts. « Des contacts ont toujours eu lieu entre les officiers mutins et le Cemgam. Vers midi, les premiers ont fait savoir leur intention de se rendre. Tout a été organisé pour évacuer les mutins. Le rendez-vous a été fixé dans un bâtiment près de l’aéroport », confie un commandant, en appui à l’attaque.

Et pourtant, le dénouement de la crise a failli tourner au vinaigre. « Des sous-officiers semblaient vouloir refuser la reddition. Ils ont ouvert le feu », raconte un autre officier. Le geste provoque des échanges de tirs, parfois sporadiques, parfois nourris, à l’intérieur du camp pendant une vingtaine de minutes.

Le nombre impressionnant des militaires loyalistes, mais également l’absence d’une farouche résistance, confortant la volonté de se rendre, semblent limiter l’intensité du combat. « Nous avons pu observer les dispositifs qu’ils ont mis en place. Ils étaient armés jusqu’aux dents. C’était pour cela que la voie des négociations a été privilégiée afin d’éviter la casse des deux côtés », explique un officier.

Après l’arrestation, dix mutins, dont le général Raoelina et le Colonel Assolant Coutiti, ont tout de suite été transférés à la maison de force de Tsiafahy. Les dix autres ont été gardés à vue dans le camp de la Gendarmerie à Ankadilalana.

C’est, entre autres, le cas du général Noël Rakotonandrasana et du colonel Charles Randrianasoavina.

Une tension relative persiste du côté d’Ankadilanana, après l’arrivée des officiers arrêtés. Même le colonel Richard Ravalomanana, en tenue de combat, s’est muni d’un fusil Kalachnikov. Sous la pluie, les gendarmes ont érigé un barrage de fouille, juste à l’entrée de la rue menant vers la caserne, du côté de Mahamasina. Des éléments militaires sont même venus renforcer le dispositif en place. 
Hommage appuyé au Cemgam
Le Premier ministre Camille Vital a souligné d’une manière particulière l’apport du général André Ndriarijaona, Cemgam, dans la gestion du dossier, samedi à Mahazoarivo. Il attribue une « mention spéciale » à ce dernier, « pour son intelligence et son abnégation, dans la conduite des négociations» .

Dans une certaine mesure, le chef du gouvernement semble vouloir gommer certaines divergences de points de vue avec le Cemgam, apparues dans le traitement du dossier.

L’Exécutif avait voulu afficher la fermeté face à la mutinerie.

Mais le général André Ndriarijaona s’est montré inflexible et insiste sur l’inutilité du règlement par la force dans l’affaire, pour éviter un affrontement entre frères d’armes. Dans sa déclaration du vendredi, il avait fixé ses priorités, à savoir la résolution de la question militaire avant celle de la politique. « Je ne suis pas membre du gouvernement », avait-il soutenu. 
Andry Ratovo et Iloniaina Alain

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