Le dossier mutinerie d’Ivato pour se débarrasser de la menace Ranjeva ?

Madonline

Après l’audition des militaires concernés par la mutinerie d’Ivato, les autorités dirigées par l’incontournable colonel Richard Ravalomanana passent à l’offensive pour mettre la main sur des civils opposants à la HAT et qui militent pour la mise en place d’une « vraie » transition à Madagascar. Le professeur Raymond Ranjeva paie ses critiques qui ont discrédité fortement la HAT.

Tous ceux qui s’aventurent à s’exprimer ou agir contre l’autorité de fait sont arrêtés et jetés en prison. Leur véritable faute est de porter atteinte à la sûreté de la HAT ! Officiellement, le commandant de la CIRGN Analamanga parle d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Par ce chef d’inculpation qu’il qualifie d’incontournable et évident,  le colonel Richard Ravalomanana justifie les 15 jours de garde à vue dont font l’objet les officiers mutins.

Six militaires ayant déjà fait l’objet d’un jugement civil ont été placés en détention. A part le colonel Coutiti qui n’a pas respecté sa restriction à résidence surveillée, les autres ont été condamnés par l’affaire du 07 février, coupable d’avoir défendu le palais présidentiel face à une foule venue prendre le pouvoir. Les enquêteurs ont procédé à une perquisition des domiciles des prévenus. Comme preuve à charge d’un coup d’Etat en préparation, ils ont trouvé des documents qui détaillent le fonctionnement du Comité militaire de salut public.

Qu’est-ce que le professeur Raymond Ranjeva, l’ancien magistrat international, fait dans cette histoire ? Ayant fait de nombreuses sorties médiatiques pour dénoncer le forcing et l’unilatéralisme de la HAT, il a revendiqué la mise en place d’une vraie transition démocratique. Cela fait-il de lui un suspect dans cette affaire de coup d’Etat présumé. Selon le colonel Richard Ravalomanana, les enquêteurs essaient de déterminer un lien entre les officiers et le Pr Ranjeva.

Des éléments aurait révélé que le Comité militaire de salut public du général Noël Rakotonandrasana aurait voulu donné à cet éminent juriste un premier rôle dans la gestion de la « vraie » transition. Les enquêteurs tentent de vérifier une rumeur selon laquelle le Pr Ranjeva avait assisté à une réunion avec ces officiers. Que fait alors la fille du magistrat international dans l’histoire au point d’être gardée à vue à la gendarmerie. Officiellement, c’est pour éviter tout contact entre le père et la fille, ce qui pourrait saboter l’enquête.

Le colonel Ravalomanana s’est plaint des « propos irréfléchis » qui auraient été tenus par la fille Ranjeva à l’endroit des enquêteurs. Ces derniers temps, toute contestation contre les forces de la HAT se paie cher. « Il faut respecter les enquêteurs malgaches », ironise le colonel Ravalomanana par rapport à des gens qui ont une autre culture de la loi. La jeune femme aurait traité les enquêteurs d’incompétents. Le prétexte juridique des autorités pour atteindre l’opposant à la HAT peut en effet paraître trop gros.

Le Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie nationale a quant à lui fustigé le rôle des politiciens qui avaient appelé à la prise de responsabilité par l’armée. Cet appel aurait été le déclencheur de la mutinerie. Le général Randrianazary annonce que les officiers fautifs auront des sanctions militaires. Par la mutinerie avortée des officiers dont ceux qui ont porté Andry Rajoelina au pouvoir, l’autorité de fait veut-elle écarter un vrai adversaire. Le Pr Ranjeva constitue une grande menace, qui plus est local, d’atteinte contre la sûreté de la HAT.

 
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