Madagascar : TGV continue sa course folle contre vents et marées
AFRISCOOP
Un peu moins de 8 millions d'électeurs malgaches étaient appelés à se rendre dans plus de 18 000 bureaux de vote, mercredi dernier, pour se prononcer sur un projet de constitution.
Et selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le "oui" l'a largement emporté avec 74% des suffrages exprimés. En attendant la validation de ces chiffres par l'instance habilitée à le faire, on peut dire que Madagascar dispose désormais d'une "Bible" de la gouvernance politique. En réalité, ce scrutin était un test pour le président Andry Rajoelina depuis sa prise du pouvoir en mars 2009.
En effet, on se souvient que, par suite d'un conflit opposant le chef de l'Etat, Marc Ravalomanana, à Andry Rajoelina, alors maire de la capitale, des manifestations de rue ont perturbé pendant des semaines le pays. Ce bras de fer entre deux fortes personnalités, qui ont fait fortune dans les affaires, a tourné en faveur de l'ancien DJ de Tana, soutenu par des officiers supérieures des Forces armées qui n'ont pas su rester neutres dans la bagarre entre politiques.
Depuis, la Grande Ile est plongée dans une crise socio-politique que les différentes médiations n'ont pu résoudre. Car, au fil du temps, le chef de l'Etat a réussi à ratisser large pour consolider son pouvoir. Convaincu désormais de son assise populaire, le DJ joue sa musique et impose son rythme.
C'est dans ce contexte qu'il a organisé le référendum pour doter le pays d'une nouvelle constitution, qui ouvre la voie à une présidentielle à laquelle lui-même serait candidat, puisque l'âge minimum pour se présenter est abaissé de 40 à 35 ans (il a 36 ans). Doter Madagascar d'une loi fondamentale puis organiser des élections ne semble pas être la panacée à la crise.
Cela, pour cette raison : tout le processus a été mené presque en solitaire par le parti du président et des formations politiques acquises à sa cause ; les autres forces et poids lourds de la scène politique, à savoir les camps des anciens dirigeants Marc Ravalomanna, Didier Ratsiraka et Albert Zafy ayant été tenus à l'écart.
Ces barrons, qui goûtent aujourd'hui aux "délices" de l'opposition, avaient appelé au boycott de la consultation et demandé le respect des accords intermalgaches signés à Maputo et à Addis-Ababa sous médiation internationale.
Quand on ajoute à cette frange frondeuse la récente tentative de coup d'Etat, même si elle s'est avérée un pétard mouillé, on peut conclure que l'heure n'est pas à la sortie de crise, au regard de l'absence de consensus dans l'action gouvernementale, surtout que la communauté internationale n'a pas donné son assentissement pour la tenue de ce scrutin.
Qu'à cela ne tienne, celui qu'on surnomme TGV continue sa course folle contre vents et marées et va, sans doute, se donner une certaine légitimité en organisant une présidentielle pour la remporter.
Cela dit, Andry Rajoelina sait mieux que quiconque que c'est la gestion clanique et solitaire qui fait le nid des putsch. Osons croire qu'il saura freiner pour ramener tous les acteurs autour d'une table de discussion afin de tourner définitivement la page de la crise.
Adama Ouédraogo Damiss
http://www.afriscoop.net/journal/spip.php?breve5280
Un peu moins de 8 millions d'électeurs malgaches étaient appelés à se rendre dans plus de 18 000 bureaux de vote, mercredi dernier, pour se prononcer sur un projet de constitution.
Et selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le "oui" l'a largement emporté avec 74% des suffrages exprimés. En attendant la validation de ces chiffres par l'instance habilitée à le faire, on peut dire que Madagascar dispose désormais d'une "Bible" de la gouvernance politique. En réalité, ce scrutin était un test pour le président Andry Rajoelina depuis sa prise du pouvoir en mars 2009.
En effet, on se souvient que, par suite d'un conflit opposant le chef de l'Etat, Marc Ravalomanana, à Andry Rajoelina, alors maire de la capitale, des manifestations de rue ont perturbé pendant des semaines le pays. Ce bras de fer entre deux fortes personnalités, qui ont fait fortune dans les affaires, a tourné en faveur de l'ancien DJ de Tana, soutenu par des officiers supérieures des Forces armées qui n'ont pas su rester neutres dans la bagarre entre politiques.
Depuis, la Grande Ile est plongée dans une crise socio-politique que les différentes médiations n'ont pu résoudre. Car, au fil du temps, le chef de l'Etat a réussi à ratisser large pour consolider son pouvoir. Convaincu désormais de son assise populaire, le DJ joue sa musique et impose son rythme.
C'est dans ce contexte qu'il a organisé le référendum pour doter le pays d'une nouvelle constitution, qui ouvre la voie à une présidentielle à laquelle lui-même serait candidat, puisque l'âge minimum pour se présenter est abaissé de 40 à 35 ans (il a 36 ans). Doter Madagascar d'une loi fondamentale puis organiser des élections ne semble pas être la panacée à la crise.
Cela, pour cette raison : tout le processus a été mené presque en solitaire par le parti du président et des formations politiques acquises à sa cause ; les autres forces et poids lourds de la scène politique, à savoir les camps des anciens dirigeants Marc Ravalomanna, Didier Ratsiraka et Albert Zafy ayant été tenus à l'écart.
Ces barrons, qui goûtent aujourd'hui aux "délices" de l'opposition, avaient appelé au boycott de la consultation et demandé le respect des accords intermalgaches signés à Maputo et à Addis-Ababa sous médiation internationale.
Quand on ajoute à cette frange frondeuse la récente tentative de coup d'Etat, même si elle s'est avérée un pétard mouillé, on peut conclure que l'heure n'est pas à la sortie de crise, au regard de l'absence de consensus dans l'action gouvernementale, surtout que la communauté internationale n'a pas donné son assentissement pour la tenue de ce scrutin.
Qu'à cela ne tienne, celui qu'on surnomme TGV continue sa course folle contre vents et marées et va, sans doute, se donner une certaine légitimité en organisant une présidentielle pour la remporter.
Cela dit, Andry Rajoelina sait mieux que quiconque que c'est la gestion clanique et solitaire qui fait le nid des putsch. Osons croire qu'il saura freiner pour ramener tous les acteurs autour d'une table de discussion afin de tourner définitivement la page de la crise.
Adama Ouédraogo Damiss
http://www.afriscoop.net/journal/spip.php?breve5280