Madagascar : Un référendum pour réduire l’âge du candidat à la présidentielle

Clicanoo


Les Malgaches sont appelés aux urnes demain mercredi, dans le cadre d’un référendum très controversé et organisé unilatéralement par le régime de Rajoelina. Le projet de Constitution soumis au vote est taillé sur mesure pour le jeune homme autoproclamé président de la transition. La communauté internationale, avec les États-Unis en tête, a déjà annoncé son rejet des résultats.
Contrairement à ce qu’il a déjà annoncé, concernant sa non participation à la prochaine course à la magistrature suprême, tout porte à croire aujourd’hui que Rajoelina pourrait être candidat. La preuve : le projet de Constitution de la IVe République proposé aux électeurs malgaches demain prévoit entre autres la réduction à 35 ans (contre 40 ans actuellement), l’âge minimum requis pour se présenter à l’élection présidentielle. Andry Rajoelina en a 36 ans. Son épouse Mialy Razakandisa pourrait aussi profiter de cette future mesure "constitutionnelle", d’autant que depuis quelques mois, elle brille sur la scène médiatique, en multipliant les "actions de solidarité" à travers tout le pays. Elle a notamment promis des jouets pour Noël à au moins 250 000 enfants malgaches ; a offert quelques jours de vacances à des bacheliers et un séjour au Maroc pour certains d’entre eux... Mialy Rajoelina ne rate pas une occasion pour se montrer aux côtés des plus nécessiteux, des enfants ou des malades. Le 28 janvier, sous les caméras de toute la presse nationale malgache, elle a distribué des... brosses à dent et de la pâte dentifrice à des collégiens de la capitale.
"AMOUR, PATRIE, PROGRÈS"
L’association d’œuvre de bienfaisance qu’elle a créée en janvier, porte le nom de Fitia ou Amour en malgache. Une notion qui fait son entrée dans la nouvelle devise de la future 4e République proposée par Rajoelina qui devient alors : "Amour – Patrie – Progrès". La Liberté a été rayée, sur le papier, comme dans les faits : 21 personnes dont 3 leaders de l’opposition (et non des moindres) ont été jetés en prison la semaine dernière en marge d’une manifestation, autorisée par la Commune de Tana mais interdite au dernier moment par les autorités de fait. C’est dans ce climat de tension et d’insécurité ambiante que vivent les Malgaches durant les deux dernières semaines de la campagne électorale et plus généralement, depuis le coup d’Etat de mars 2009. N’en déplaise aux acteurs du tourisme venus à la Réunion il y a 2 semaines pour "vendre" la destination Madagascar, l’insécurité fait toujours partie du lot quotidien des habitants de la Grande Île. Sans parler des arrestations arbitraires, fermeture d’une cinquantaine de stations de radio de l’opposition et du trafic de bois de rose "au sommet", pas plus tard que le 11 novembre dernier, un ressortissant étranger a une nouvelle fois, été attaqué à son domicile. Il a échappé de justesse à ses agresseurs contrairement à son épouse qui a été blessée par balle.
PLUIE DE PROMESSES
Pour revenir au référendum, un article de la "nouvelle" Constitution stipule que "le candidat doit résider sur le territoire malgache depuis au moins six mois avant le jour de la date limite fixée pour le dépôt des candidatures". Une manière d’éliminer définitivement de la course le probable candidat Ravalomanana, toujours en exil forcé en Afrique du Sud. Autre problème : il y a quelques semaines, la presse malgache a fait état de la découverte de bulletins uniques pré-remplis envoyés par les autorités dans la brousse : la case "Oui" a été cochée à l’avance ! Par ailleurs, Andry Rajoelina a enchaîné les meetings dans tout Madagascar ces dernières semaines. À chaque déplacement dans les 4 coins de l’île, le même lot de promesses : des hôpitaux aux normes internationales ; des logements pour les couples de moins de... 35 ans, un stade olympique avec des pistes d’athlétisme en tartan. Pour Tanà, ce sera un tramway, un palais du rugby, des "boutiques solidarité" baptisées Tsena Mora, ou encore le plus grand théâtre en plein air de l’océan Indien avec 25 000 places pour les concerts.
ROBINETS FERMÉS
Cette pluie de promesses intervient malgré la fermeture des robinets des aides internationales par les bailleurs de fonds et par les partenaires bilatéraux habituels, à l’exception de la France. En revanche, Madagascar se tourne depuis quelques mois vers la Chine, la Turquie, le Pakistan et l’Iran. Autre changement en vue : Air Madagascar se prépare à renouveler sa flotte avec des avions d’Airbus et non plus de Boeing. Et le premier novembre dernier, les États-Unis ont rejeté d’emblée le référendum, par la voix de Karl Wycoff, sous-secrétaire d’État chargé des Affaires africaines qui a déclaré lors d’un passage à Tanà : "Les structures et processus politiques que le gouvernement de fait a établis ne sont pas assez démocratiques et consensuels". Un avis partagé par la SADC et l’Union africaine qui prônent le retour à la table des négociations avec les 3 mouvances. L’enfant terrible de la politique malgache, lui, continue à faire la sourde oreille et tente le forcing, entouré des militaires qui détiennent le dernier mot
P.R.




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