Les Malgaches appelés à se prononcer mercredi sur un projet de Constitution controversé

La Presse Canadienne
De Lovasa Rabary-Rakotondravony-- (CP)


ANTANANARIVO, Madagascar — Plus d'un an après avoir pris le pouvoir à Madagascar, Andry Rajoelina appelle les électeurs à se prononcer mercredi par référendum sur une nouvelle Constitution, qui pourrait lui permettre de se maintenir au pouvoir aussi longtemps qu'il le voudra.

Plus de sept millions d'électeurs sont invités à répondre par "oui" ou "non" à ce projet de Constitution proposé par la Haute autorité de la transition (HAT), qui va à l'encontre des efforts visant à trouver une solution négociée qui impliquerait Marc Ravalomanana, le président évincé en 2009, et d'autres dirigeants actuellement dans l'opposition.

Le principal point de controverse dans le projet de Constitution concerne la direction de l'Etat jusqu'à la mise en place des futures institutions prévues par la nouvelle Constitution. Les dispositions transitoires du projet prévoient, entre autres, que "jusqu'à l'investiture du nouveau président de la République, l'actuel président de la Haute autorité de la transition continue d'exercer les fonctions de chef d'Etat".

Pour Johary Ravaloson, juriste et écrivain, certains articles du projet de constitution représentent un chèque en blanc pour Andry Rajoelina, "car ils ne fixent aucune date butoir, ni les conditions pour les prochaines élections, ni leurs reports éventuels".

Contestant la tenue du référendum, les mouvances des trois anciens présidents (NDLR: Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy) appellent au boycott du scrutin. "Cette consultation populaire n'est pas une priorité pour le pays, et elle ne permet pas de sortir Madagascar de la crise politique, ni à ce régime d'acquérir la reconnaissance internationale", estime Lalatiana Ravolomanana, l'une des leaders de la mouvance d'Albert Zafy.

Pendant les 45 jours qu'a duré la campagne électorale, les partisans du "oui" ont pratiquement fait cavalier seul sur le terrain. Faute de moyens, les partisans du "non" ont été discrets, concentrant leur campagne dans la capitale et dans les cercles intellectuels. Toutes autres manifestations politiques n'entrant pas dans le cadre de la campagne électorale, à l'instar de celles organisées par les partisans du boycott, ont été interdites.

Les membres du gouvernement et le président de la HAT, Andry Rajoelina, de leur côté, ont multiplié les tournées en province pour inviter les électeurs à venir voter. Le taux de participation est un enjeu important du scrutin. "L'élection va permettre de déterminer les rapports de forces", estime le sociologue Paul Rabary. "Un faible taux de participation fragiliserait le régime", poursuit-il.

Faisant le bilan de la campagne, Raharinaivo Andrianatoandro, président du Congrès de la Transition, récemment désigné, dirigeant de l'aile dissidente du parti fondé par Marc Ravalomanana, estime que "la campagne a été plutôt calme". Il craint que l'abstention ne soit importante. "Cela signifierait que les gens n'ont pas compris l'importance du processus", conclut-il.

Sympathisante de l'ancien président Ravalomanana, Doris Rasoarinoro, sage-femme, souhaite quand même voter le 17 novembre. "Je voterai 'non' parce que l'abstention ne compte pas, et même avec un faible taux de participation, le 'oui' peut toujours l'emporter", déclare-t-elle. Egalement partisan de l'ancien président, Michel Andrianirina, éleveur, affirme lui ne pas vouloir aller aux urnes. "Je suis contre ce scrutin organisé par des putschistes", déclare-t-il. "Ce pays ne sortira de la crise que si les anciens présidents sont associés au processus. De toute façon, la communauté internationale ne cautionnera jamais cette démarche", avance-t-il.

En proie à une crise politique depuis décembre 2008, Madagascar a été suspendue de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), de l'Union africaine et de l'Organisation internationale de la francophonie. Les aides internationales, à l'exception des aides humanitaires et des aides d'urgence, provenant de l'Union européenne, ont également été interrompues depuis l'accession au pouvoir d'Andry Rajoelina en mars 2009.

De nombreuses entreprises ont dû fermer leurs portes, causant la perte de nombreux emplois. L'Unicef, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), s'inquiètent, pour leur part, de la détérioration des services de santé publique. AP


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