L'édito des lecteurs : sommes nous devenus bêtes et mêchants ?
Sobika
A la veille du référendum, nous vous proposons un édito écrit par un lecteur, avec en guise de conclusion, la question qui fâche mais qu'il faut poser ! Sommes-nous maudits ? Sommes-nous condamnés à subir ad vitam aeternam les affres d’une nébulosité politique où seul le pouvoir compte ? Car de par chez nous, sur cette île rouge sang, la Démocratie, alliée outrée d’un libéralisme économique assassin, vitrine utopique du développement humain, ne fait que corrompre. Qu’ils s’appellent Tsiranana, Ratsiraka, militant volontaire d’un stalinisme meurtrier et liberticide, Ravalomanana ou Rajoelina, tous nos présidents, fraichement élus ou portés au poste suprême par la colère de la rue, se sont vautrés dans un exercice autoritaire du pouvoir. Avec pour seul but l’enrichissement personnel. Comment expliquerons-nous aux générations futures qu’un simple différent concurrentiel, la vulgaire dépose de quelques panneaux publicitaires aient entrainés la mise à mort du fihavanana ?
Madagascar, terre de misère, ô combien cultuelle, culturelle et son environnement virtuel, l’intellectuelle diaspora, se comportent comme le premier dépressif venu, neurasthénique têtu, programmant systématiquement, envers et contre tous, un suicide collectif, érigé en solution finale. Ainsi tous les sept ou huit ans, nous assistons benoîtement au Famadihana de la sainte république, plagiat tout à fait imparfait de ce qui se fait au nord de l’équateur.
Tel le légiste, nous sommes prompts à mener l’enquête quant aux néfastes responsabilités. Tel l’autruche, nous n’avons de cesse à ignorer le comment du pourquoi et n’hésitons pas comme l’éhontée Afrique, à stigmatiser les esclavagistes repentis. La France, ancienne puissance coloniale est donc logiquement pointée d’un doigt vengeur, persuadés que nous sommes que la cinquième puissance mondiale a l’impératif besoin de la sueur malgache pour payer ses retraites.
Mais que faisons nous, ô peuple gasy, pour lutter contre l’analphabétisme qui ravage nos campagnes ? Avons-nous réellement ce besoin crucial de l’occident pour apprendre à lire et a écrire à nos enfants ? Qu’attendons-nous pour lutter efficacement contre le moustique qui tue ? Notre flore et le savoir des anciens ne nous offrent-ils pas les remèdes adéquats ? Faudra-t-il comme en Haïti, une catastrophe naturelle phénoménale pour nous rendre compte que les énormes stocks alimentaires américains ne sont que prétexte à un vaste néocolonialisme jusqu’alors reproché à une multinationale coréenne ? Ne sommes nous pas capables de créer, avec l’aide de la puissance étatique, des sociétés d’économie mixtes exploitant les richesses du sous-sol malgache, n’en déplaise aux néoconservateurs régissant la finance mondiale ?
Au lieu de répondre à ces questions primordiales, nous préférons continuer à nous insulter et imposer nos points de vue abracadabrantesques, via des forums douteux ne cessant de se prévaloir de la liberté d’expression, qui à notre corps défendant, et outre le Droit, imposent un devoir de respect et de politesse bien trop souvent oubliés. Au lieu de militer une idée sociétale qui nous sortirait de l’ornière, nous nous contentons d’accepter les mauvaises alternatives proposées : Andry versus Marc. That is the question ? Parce que le patriotisme est mort et que la société malgache n’existe plus. Parce que chaque peuple mérite ses gouvernants. Profondément égoïstes et individuels, nous avons choisi notre bien être, notre confort et l’idée du mieux occidental. A l’encontre de notre pays. Nous ne sommes plus malgaches. Nous sommes devenus simplement des hommes bêtes et méchants.
Andry alias Touamasine.